Les « accords volontaires » du 17 juin sont un fiasco total prévisible. Quelle hypocrisie du gouvernement français qui prétendait par des accords sans aucune base légale aboutir à une augmentation des prix payés aux éleveurs ! Les pratiques de « bonne conduite » (des transformateurs ou distributeurs) dans le cadre de « contrats » non contraignants sont un mythe dans un contexte de concurrence « libre et non faussée » imposé en Europe.
Aussi, comment le ministre Le Foll peut-il prétendre qu’il suffirait d’inciter les collectivités à « acheter français » pour résoudre la crise alors qu’il sait pertinemment que les règles européennes de la concurrence interdisent de prioriser les produits locaux dans les appels d’offre et que, lui-même, dans le cadre des négociations du TAFTA, défend les intérêts des multinationales pour contraindre les collectivités locales des Etats-Unis à renoncer à leurs politiques d’approvisionnement local ?
Que le gouvernement cesse donc de se lamenter sur la baisse des prix du lait et de la viande sur le marché mondial et de l’attitude de la grande distribution ou des transformateurs qui ne respectent pas leurs engagements alors qu’il en est en partie responsable :
– les quotas laitiers qui permettaient de réguler les marchés du lait ont été supprimés, avec la caution des gouvernements français successifs UMP et PS, soumettant les éleveurs aux fluctuations d’un marché mondial non régulé,
– dans l’espace européen de la concurrence, les produits de l’élevage qui bénéficient en Allemagne de subventions cachées (aides à la méthanisation) et d’un bas coût de la main d’œuvre provenant notamment d’Europe de l’Est, sont plus « compétitifs » (capacité à endurer une plus forte baisse de prix) que les produits de nombreux éleveurs français,
– la course à la compétitivité, c’est-à-dire à la concentration de la production sur le modèle des 1000 vaches, des 3000 porcs ou des 250 000 poulets prônée par le gouvernement PS et le syndicat agricole majoritaire, condamne à terme la grande majorité des éleveurs laitiers à la disparition.,
Il est temps de sauver nos éleveurs des ravages du libéralisme ! Le parti de Gauche appelle, comme mesure d’urgence en attente d’une renégociation européenne de la politique de l’élevage, à la mise en place immédiate de prix minimums d’achat du lait et de la viande aux différentes étapes de la filière, y compris pour les achats en provenance des autres pays européens.
L’urgence est bien d’instaurer un protectionnisme solidaire pour empêcher la course folle au dumping mondial, garantir la souveraineté alimentaire, permettre la relocalisation, stopper et inverser la concentration des fermes en faveur d’une agriculture paysanne, pour une alimentation saine de bonne qualité et des revenus décents aux paysans